Tuta absoluta : un ravageur bien présent
Depuis plusieurs années, Tuta absoluta, ce petit papillon originaire d’Amérique du Sud, est apparu dans l’ouest de la France. Tout d’abord repéré sous les grandes unités de production en 2010, il est de plus en plus observé sous les petites unités depuis 5 ans.
Ce nouveau ravageur est aussi appelé « mineuse de la tomate« . Il cause aujourd’hui des dégâts très importants sur les cultures de tomate mais peut également s’attaquer aux autres Solanacées. Un grand nombre de maraîcher·ère·s ont vu leurs cultures détruites, la récolte à peine commencée.
Quand on sait l’importance en terme d’image et de chiffre d’affaires que peut représenter cette culture de tomate, il est nécessaire de mettre en place des méthodes de luttes adaptées.
Reconnaître Tuta absoluta : description et cycle de vie
Les premier adultes apparaissent dès le mois de mars dans l’ouest de la France. Ce sont de petits papillons gris de 0,5 à 2 cm de long avec de longues antennes Les premiers dégâts de chenilles peuvent être observés sur des plants en pépinière ou des cultures tout juste plantées.
La durée de vie de ces adultes est de 10 à 15 jours pour la femelle, 6 à 7 jour pour le mâle. La femelle peut pondre jusqu’à 260 œufs, induisant un développement très rapide des populations dès que les températures augmentent au printemps.
La chenille de premier stade est de couleur crème. Puis elle devient verdâtre et rose clair au dernier stade de son développement. Elle mesure à la naissance entre 0,6 et 0,8 mm. Le stade L3 mesure environ 4,5 mm et le dernier stade (L4) environ 7,5 mm, 8 mm au maximum.
Les dégâts causés par Tuta absoluta
Ce sont les chenilles de Tuta absoluta qui vont causer les dégâts à la plante. Sur tomate, après un premier stade baladeur, la larve peut pénétrer dans tous les organes, quelque soit le stade de la plante.
Sur feuille, l’attaque se caractérise par la présence de plages décolorées nettement visibles. Les larves dévorent seulement le parenchyme en laissant l’épiderme de la feuille. Par la suite, les folioles attaquées se nécrosent entièrement.
Sur tige ou pédoncule, la nutrition et l’activité de la larve perturbent le développement des plantes. Sur fruits, les tomates présentent des nécroses sur le calice et des trous de sortie à la surface. Les fruits sont susceptibles d’être attaqués dès leur formation jusqu’à la maturité. Une larve peut provoquer des dégâts sur plusieurs fruits d’un même bouquet.
Les premiers dégâts de T. absoluta sont localisés préférentiellement sur les parties jeunes des plantes : apex, jeune fruit, fleur.
Solutions : comment lutter contre Tuta absoluta
Heureusement plusieurs stratégies de luttes peuvent être mise en place pour éviter les dégâts importants causés par la mineuse sud-américaine de la tomate.
Le piégeage
La mise en place de pièges delta à capsule permet de repérer la présence des premiers adultes. 1 piège pour 1000 m² est suffisant. Un piégeage massif est possible avec ces pièges en augmentant la densité de piège à 25 par ha. Attention les capsules doivent être remplacées régulièrement.
Les diffuseurs de phéromones
La méthode aujourd’hui la plus utilisée est la confusion sexuelle. La mise en place de petits tubes flexibles contenant la phéromone sexuelle de Tuta absoluta : ISONET® T.
Le diffuseur contient une telle concentration de phéromones que les signaux des femelles sont camouflés, les mâles ne sont donc plus capables de les localiser. L’accouplement est dès lors limité voire même évité. Par conséquent, la population cible de Tuta se réduit, ainsi que les dégâts engendrés sur les cultures.
On positionne un diffuseur pour 10 m², 2 semaines avant plantation. Après plantation ces diffuseurs seront positionnés au niveau du feuillage et renouvelés toutes les 12 semaines.
La prévention : éviter les ravages de Tuta absoluta
Dès l’apparition des premiers dégâts, les déchets de tailles et de récoltes seront sortis des serres et détruits pour éviter la multiplication du ravageur.
Dès le piégeage des premiers adultes, un apport de Bacillus thurégensis pourra être effectué pour atteindre les premières chenilles lors de leur stade baladeur.
Concernant les auxiliaires, les Macrolophus pygmaeus sont très efficaces contre Tuta absoluta. Il peuvent être introduits de manière spécifique ou pour une lutte plus globale, notamment contre l’aleurode. Dans les zones au climat océanique marqué, les populations peuvent être maintenues durant l’hiver grâce à des plantes relais.
L’ensemble de ces techniques, compatibles avec le cahier des charges bio, donnent de bons résultats. La lutte, si elle est anticipée et réfléchie, permet de s’affranchir de gros dégâts préjudiciables à la culture et par conséquent aux maraîchers et maraîchères.
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La lutte biologique : une question d’équilibre
La protection biologique intégrée offre de nombreuses solutions économiquement rentables en maraîchage, tout en étant respectueuse de l’environnement. Elle est en perpétuelle évolution (on découvre des auxiliaires chaque année), et permet de voir l’avenir de manière sereine.
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