1. Maraîchage conventionnel et raisonné
Le maraîchage conventionnel
Le maraîchage conventionnel est de loin le plus répandu, celui qui garnit la majorité des étals de légumes en supermarché, au marché ou chez le primeur. Ce modèle est apparu après la première guerre mondiale pour faire face au manque de main d’œuvre, et s’est généralisé après la seconde guerre mondiale avec l’objectif d’accroître les rendements afin de passer d’une agriculture principalement vivrière à une agriculture capable de nourrir le monde, dans un contexte d’explosion démographique. Les découvertes de l’industrie de l’armement en mécanique et en chimie (utilisation de l’azote et des défoliants et pesticides) ont été recyclées dans les champs : la mécanisation et l’utilisation d’intrants de synthèse ont métamorphosé les pratiques agricoles.
En maraîchage, cela se traduit en général par des surfaces de production importantes, de plusieurs hectares, la mécanisation (tracteur, récolteuse, trieuse, laveuse, ensacheuse…), l’emploi de plusieurs salariés… Selon les choix techniques et les types de cultures, la production sera réalisée en plein champ, sous abri, ou sous serre (froide ou chauffée). Certaines exploitations atteignent des dimensions industrielles, en hors-sol pour certaines catégories de cultures.
L’objectif affiché du conventionnel est d’obtenir des rendements élevés, une production efficace et régulière, une qualité des produits stable, permettant de fournir en grande quantité les marchés de gros comme Rungis. Certains maraîchers traditionnels pratiquent également la vente directe et les marchés de plein vent. Ce mode de production a l’avantage d’offrir aux consommateurs des produits accessibles à toutes les bourses.
L’intensification de ce modèle est néanmoins souvent critiqué aujourd’hui pour ses impacts sur la biodiversité, la fertilité et l’érosion des sols, et pour la pollution de l’air, de l’eau et des sols liée aux intrants. De plus, il a contribué à une standardisation et à une uniformisation des fruits et légumes, avec des variétés trop souvent choisies pour d’autres critères que leur qualité gustative et nutritionnelle. Ce modèle se révèle coûteux pour l’exploitant, en termes d’investissement dans les installations et les machines, et d’achat de produits phytosanitaires en quantités onéreuses. Enfin, l’utilisation de ces derniers comporte des risques pour la santé, surtout celle des agriculteurs.
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Une fois répertoriés les quelques aléas climatiques, l’adaptation des agricultrices et agriculteurs s’avère nécessaire pour limiter les risques économiques.
Pourtant, la multiplication des expérimentations et des méthodes de fonctionnement pour agir sans aggraver la situation actuelle prend peu à peu le pas.
Le maraîchage raisonné
Certains maraîchers conventionnels choisissent de faire évoluer leurs pratiques vers l’agriculture raisonnée. En effet, les impacts écologiques des méthodes conventionnelles et le coût des intrants de synthèse poussent les professionnels à travailler différemment. Elle se définit comme un « mode de production agricole dont le principal objectif est d’optimiser le résultat économique tout en maîtrisant les quantités d’intrants (en particulier les substances chimiques telles que les engrais ou autres produits de traitement de synthèse) afin de limiter leurs impacts sur l’environnement. »
Pour réduire au maximum l’utilisation de produits de synthèse, il est nécessaire de mener des analyses de la fertilité des sols, afin de par exemple estimer les besoins réels en azote. Il est également essentiel de surveiller scrupuleusement les cultures, pour déceler les éventuels ravageurs ou maladies, et de réaliser des comptages et des modèles de prévision pour limiter l’usage de pesticides au strict nécessaire. Le maraîcher en agriculture raisonnée aura aussi un usage économe des ressources en eau. Une certification est attribuée pour une durée de 5 ans après un audit de terrain.
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2. Le maraîchage biologique
Depuis une dizaine d’années, s’installer en bio est une évidence pour de plus en plus de maraîchers, souvent jeunes ou en reconversion professionnelle. Aujourd’hui, on retrouve des fruits et légumes bio jusque dans la grande distribution, mais de nombreux maraîchers bio privilégient les marchés de plein vent, les circuits courts, et les AMAP.
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[Dossier] Maraîchage : des modes de production en pleine évolution
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