Faire progresser sa ferme : la formation continue en maraîchage
Il existe autant de parcours que de maraîchers ! Que vous soyez fraîchement diplômé de l’enseignement agricole ou établi de longue date, à la tête d’une micro ferme ou d’une plus grande exploitation, de nombreux accompagnements s’offrent à vous.
La pratique et l’échange semblent les pierres angulaires de la formation continue. Comme nous le rappelle Charles Souillot, consultant en stratégie globale agricole : « Le moment où la ferme progresse le plus, c’est quand on en sort ! »
Les temps de formations permettent de découvrir de nouvelles solutions, de trouver des ressources, d’acquérir des compétences au service de sa propre ferme et sont aussi précieux pour développer son réseau et faire de belles rencontres tout simplement.
En amont de la création : se confronter à la réalité du terrain
Découvrir le métier d’agriculteur en vivant l’expérience au sein même d’une exploitation c’est donner une chance de plus à la pérennité de son projet d’installation. A la suite de notre article sur la formation initiale de maraîcher, nous vous présentons ici plusieurs pistes à suivre.
Pôle emploi, propose par exemple une immersion professionnelle en entreprise : Le dispositif « PMSMP » (Période de Mise en Situation en Milieu Professionnel).
Vous pouvez également recourir au woofing. Ce principe met en relation des exploitants agricoles biologiques et des bénévoles qui s’initient aux savoir-faire agricoles en prêtant main-forte à la ferme contre le gîte et le couvert. Ce concept est international et permet également de voyager. Aujourd’hui 1800 hôtes en France et près de 12 000 fermes peuvent vous accueillir dans plus de 60 pays à travers le monde.
Le travail saisonnier peut constituer aussi une première expérience très riche. Katell Deloy et Mathias Le Gusquet, 29 et 30 ans, portent un projet d’arboriculture sur le Pays de Dinan (22). Le BPREA pour lui, le BTS production horticole pour elle, de leurs aveux ce sont leurs années de pratique qui priment : « Olives, raisins , abricots, châtaignes, nous avons fait des saisons dans une bonne quinzaine de fermes différentes, dont 6 mois en Amérique du sud » avant que Katell ne conclut « Je ne me serais pas vue me lancer sans les saisons, (…) ça permet de voir ce qu’on veut ou ce qu’on ne veut pas dans sa propre exploitation (…) et cela tisse de vrais liens : certains exploitants sont même devenus des amis avec qui nous avons plaisir à échanger».
Un portail d’entrée unique pour tous les postulants à l’installation: le PAI
Le Point d’Accueil Installation (PAI), est un dispositif public gratuit géré par la chambre d’agriculture.Il permet de s’informer sur les démarches à entreprendre pour se lancer, les dispositifs d’aides et d’accompagnement.
Il met en lumière les besoins en compétences et les formations associées, il peut orienter vers les personnes ressources et les structures appropriées en fonction des besoins et de l’avancement du projet.
Le PAI est accessible à tous, quels que soient l’âge, le parcours professionnel, la nature et l’avancée du projet. Chaque année ce sont près de 5000 bénéficiaires qui en profitent avec un taux de pérennité des exploitations suivies de 95 %, pourquoi pas vous ?
Les accompagnements à la création
Le projet se dessine. Vous souhaitez vous installer. Vous avez en poche l’indispensable CPA (Capacité Professionnelle Agricole), il est temps de vous rapprocher des réseaux dont vous partagez les valeurs.
De nombreuses « couveuses » d’activités peuvent vous aider à finaliser votre projet. Citons par exemple les incubateurs de Fermes d’avenir, Terres de liens, La Coopérative d’installation en agriculture paysanne (CIAP), Le champ des possibles, The Land, etc., avec lesquels sur plusieurs mois vous revenez en détail sur votre projet sous tous ces aspects ( techniques, juridiques, financier…) jusqu’à l’installation.
Pour lancer votre micro ferme, vous pouvez également vous former directement sur l’exploitation d’une ferme formatrice. Marie Jo Bohec, du Jardin des hérissons à Evran (22), aide ainsi les femmes à s’installer en micro maraîchage bio. Après 30 ans d’expérience, c’est aujourd’hui la transmission qui l’anime. « C’est sur les petites surfaces qu’on rentabilise le mieux. 1 ha est suffisant, quand on les maîtrise techniquement bien sûr(…). C’est pour cela aujourd’hui que je guide les projets : ce que l’on apprend à l’école c’est 10 % de notre réalité de tous les jours. (…) Quand j’ai démarré le bio dans les années 80 il n’y avait rien ! Quelques ouvrages de « Terres Vivantes » tout au plus ! L’observation et l’expérimentation : rien n’est plus important dans notre métier, c’est ça que j’ai à cœur de faire expérimenter aujourd’hui. »
Se former sur des thématiques spécifiques
« Coopérer avec les collectivités territoriales » « Réaliser l’entretien courant d’un tracteur » « Mettre en place une ferme-école» …
Tous les acteurs de la formation professionnelle ne manquent pas d’idées pour créer des formations qui répondent à des besoins spécifiques que vous pouvez rencontrer une fois installés.
Sur une ou plusieurs journées c’est l’occasion de parfaire ses connaissances. Les chambres d’agriculture, l’Université Populaire de Permaculture, les financeurs (vivea, compte CPF) sont souvent force de proposition. Ils disposent de catalogues très fournis et peuvent aider au montage des dossiers de prise en charge.
Le groupement de producteurs : clé de voûte pour échanger entre pairs
L’adage « L’union fait la force » prend ici tout son sens. Pourquoi partager ses besoins de formation en groupement de producteurs ? Parce que rien ne correspond plus à une problématique rencontrée par votre voisin que celle que vous pouvez rencontrer vous-même !
Au sein du groupement, une problématique commune se dessine et un groupe d’échanges se crée entre pairs pour mutualiser les pratiques. Très concrètement on visite les fermes des autres maraîchers et on échange sur les solutions de chacun.
Lorsque le groupement de producteurs est confronté à une problématique plus complexe à laquelle il ne peut pas répondre par la simple mutualisation d’expériences, il peut choisir de faire appel à l’éclairage d’un expert.
L’intervention organisée par le groupement permet alors sa prise en charge par les fonds de formation agricoles laissant un reste à charge très modique pour les agriculteurs bénéficiaires.
Comment financer sa formation continue ?
Si vous êtes demandeur d’emploi vous pouvez vous renseigner auprès de votre conseiller Pôle emploi, certaines formations peuvent être prises en charge, soit directement par Pôle Emploi, soit par des dispositifs locaux.
Vous êtes ou avez été salarié ? Vous bénéficiez à ce titre d’un compte personnel de formation CPF. Sur le site Mon Compte Formation, vous pouvez consulter vos droits, rechercher et vous inscrire à la formation professionnelle de votre choix.
Vous êtes exploitant agricole ? Vivea est le fonds formation abondé par les actifs agricoles non-salariés. Il propose un large catalogue de formations continues et peut prendre en charge partiellement ou totalement les frais de formation.
Devant toutes les possibilités qui existent, se former en maraîchage n’a jamais été aussi accessible ! Vous aurez tout le loisir de composer le parcours qui vous ressemble.
Devenir maraîcher c’est aussi intégrer une communauté et raisonner en écosystème, savoir s’entourer de partenaires soutenants (fournisseurs, confrères, …) qui partagent vos valeurs, avec qui échanger, mutualiser et transmettre son savoir.
Lire aussi :
[Vidéo] Le Vieux Hangar : “La ferme est créatrice de lien”
« On dit parfois que les agriculteurs sont isolés. Moi franchement c’était ma peur, de me sentir isolée dans ce métier là. En fait c’est toi qui crée ton environnement, la ferme reflète notre personnalité. Tout ce qu’on a créé autour, moi je suis contente de ce résultat là. »
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