Janvier : c’est le moment de préparer son système d’irrigation

27/01/22

Irrigation des concombre en maraîchage

Que ce soit sous abri ou au champ, l’irrigation des légumes est incontournable dans les exploitations maraîchères. Lors de l’élaboration de son système, il est nécessaire de se pencher sur plusieurs paramètres. Voici quelles sont les principales étapes de raisonnement.

Nous avons demandé conseil à Charles Souillot, de Stratégies Végétales :

« Dans un premier temps, l’idéal est de partir d’un plan de ses parcelles, de regarder s’il y a une source d’eau à proximité ou non, de positionner la station de pompage et le réseau primaire d’alimentation en eau. Puis, à partir de cette base, choisir le système d’irrigation le plus adéquat, appelé réseau secondaire. En amont, il est également recommandé de penser à l’automatisation de son système d’irrigation – ouvertures des vannes, programmateurs….-, qui permet un gain de temps non négligeable dans l’organisation de son travail. »

Raisonner la structure du système d’irrigation de base

 

Pour l’approvisionnement en eau qui va alimenter tout le système d’irrigation, tout va dépendre de la localisation des parcelles, à savoir s’il existe déjà ou s’il faut le créer : rivière, lac, ruisseau, canalisations collectives, forage, bassin de rétention, puits …. Ainsi, la proximité d’un cours d’eau peut être un bon atout pour limiter les frais. Le raccordement à un réseau collectif local peut être envisagé via une ASA (association syndicale autorisée d’irrigation), une CUMA, un syndicat intercommunal ou une SAR (Société d’Aménagement Régional). Dans ce cas, un budget irrigation est à prévoir chaque année. Autre paramètre important, la surface de l’exploitation. Plus elle est élevée, et plus, évidemment, les volumes d’eau nécessaires vont être importants. Il faut donc que la source en eau soit suffisante pour couvrir tous les besoins.

Le station de pompage doit permettre d’apporter l’eau jusqu’aux cultures les plus éloignées. Il faut alors déterminer deux paramètres importants qui entrent en jeu dans le choix du réservoir (à vessie ou galvanisé) et de la pompe : le débit – plus la surface à irriguer est importante, plus il doit être élevé – et la pression, qui va dépendre de la pente de la parcelle et du parcours total de l’eau. Il est également nécessaire de s’orienter vers de bons outils de filtration, pour apporter l’eau la plus propre possible. A l’aide d’un manomètre, un contrôle régulier de la pression et du débit permet de prévenir les risques de bouchage et de réaliser des apports efficaces.

Il s’agit ensuite de positionner le réseau primaire de tuyaux, qui est généralement enterré. Il faut donc bien raisonner les emplacements des sorties d’eau pour éviter d’avoir à les déplacer régulièrement. Ces bouches doivent être équipées d’une vanne et d’un couvercle isolé contre le gel.

Réseau secondaire : quel système d’irrigation choisir ?

 

Le choix du système d’irrigation proprement dit va dépendre de la problématique rencontrée sur le terrain. A prendre en compte : au champ ou sous serre, espèces cultivées, taille de l’exploitation et ressources en eau.

 

Irrigation agriculture biologique

Irrigation en plein champ au Vieux Hangar (Crédit photo : Nicolas Le Beuzit)

 

Par aspersion

 

Les quadrillages d’irrigation, avec un arrosage par aspersion arienne, sont les plus couramment utilisés en plein champ. Plusieurs modèles existent : rampe oscillante, asperseurs ou micro-asperseurs. La mise en place et le déplacement sont assez faciles, sans demander trop de temps ; en revanche, ce système nécessite un investissement de départ élevé. Les gouttes sont fines à l’instar de la pluie, avec une sensibilité vis-à-vis du vent, mais elles engendrent peu de risques d’apparition de croûte. L’aspersion est aussi utilisée en cultures sous serre. A éviter sur les légumes sensibles aux maladies cryptogamiques en raison de l’humidification du feuillage. A réserver plutôt aux betteraves, navets, carottes, mâche, radis, haricots…et aux légumes semés. C’est un bon moyen de faire baisser les températures dans le tunnel quand il fait trop chaud comme en été et de doucher certains légumes qui apprécient l’humidité, comme les épinards.

Les enrouleurs avec les canons d’irrigation font également partie des systèmes par aspersion mais produisent de plus grosses gouttes, avec une pression et un débit plus importants. Ils sont adaptés à l’irrigation de plein champ, pour des surfaces moyennes à grandes. Attention toutefois aux sols qui présentent déjà une croûte de battance.

Irrigation millimétrée avec le goutte-à-goutte

 

Le goutte-à-goutte s’appuie sur un réseau de tuyaux avec gouteurs incorporés, posés à même le sol. Il vient amener l’eau directement au pied des plantes, de manière uniforme sur toutes les parcelles. Cette technique nécessite un temps d’installation plus long au départ, incluant le choix d’un système de filtration efficace, et demande un entretien régulier pour limiter les risques de bouchage. Côté avantages, il est assez économe en eau et limite les risques d’évaporation. Il joue également un rôle sur la gestion des adventices, car il défavorise les levées dans l’inter-rang. Comme le feuillage des plantes n’est pas humidifié directement, il convient aux légumes sensibles aux maladies cryptogamiques (cucurbitacées et solanacées), ainsi qu’aux cultures d’été et certaines particulières comme la fraise.

 

Maraîchage - Irrigation en serre

Tomates, concombres et poivrons en serre, irrigués au goutte à goutte (Crédit photo : Yaroslav)

Une fois son système établi, quel entretien prévoir ?

 

Jean-François Lorho, technicien irrigation chez Hortibreiz, nous l’affirme :  avant la période d’irrigation, il est recommandé de faire le tour de l’installation d’irrigation pour un état des lieux annuel.

  • Vérifier tous les raccords, afin d’éviter les fuites d’eau.
  • Nettoyer tous les filtres, pour réduire les risques de bouchons et la perte de pression et de débit pendant les arrosages ; mieux vaut le faire régulièrement, selon la qualité de la ressource en eau utilisée.
  • Pour le goutte-à-goutte, envisager un débouchage du réseau d’irrigation avec une dilution d’acide nitrique en cas de calcaire, puis d’eau de javel contre les dépôts organiques. Bien rincer après chaque opération.
  • Porter une attention particulière à la station de pompage et notamment sur le niveau d’air dans les réservoirs. L’objectif est d’éviter que le déclenchement de la pompe soit trop fréquent. Pour les réservoirs galvanisés, vidanger l’ensemble du ballon pour renouveler l’air et l’eau, et assurer un bon équilibre entre les deux. Pour ceux à vessie, contrôler la pression d’air avec un manomètre et en rajouter si besoin. Si la vessie est défectueuse, il faut prévoir un remplacement.
  • Purger tout le système pour chasser éventuellement l’eau qui aurait pu stagner

Et, afin d’éviter de se faire surprendre en période d’irrigation, l’idéal est d’avoir un peu de stock de matériel d’avance – manchons, petits raccords, vannettes, et toutes les petites pièces un peu fragiles…-, qui permettra de réparer rapidement en cas d’avarie du système.

Article rédigé par Audrey Allain - Le 27 janvier 2022

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