Comment protéger les cultures du froid ?
Les primevères sont en fleurs, les saules et certains fruitiers commencent à débourrer… nous pouvons observer ça et là quelques signes annonciateurs du printemps. Mais ne nous y trompons pas, nous sommes bel et bien toujours en plein hiver. Les températures sont parfois négatives (surtout la nuit), et, certains matins, le givre recouvre la végétation : bref, il nous faut rester très prudents face aux risques de gelées, qui peuvent advenir jusqu’au mois de mai !
Du gel et des dégâts …
De nombreux légumes d’hiver résistent plutôt bien au gel : pas d’inquiétude à avoir pour les poireaux, les carottes, les panais, les salsifis, les céleris-raves, les topinambours, les laitues, la mâche, le cresson, et certains choux. En revanche, ceux qui sont gorgés d’eau comme les légumes-fruits d’été (tomates, aubergines, courgettes, concombres…), sont très vulnérables au gel. Les pommes de terre sont également assez sensibles : leurs parties aériennes peuvent être détruites lors d’un épisode de gel. En général, le feuillage repousse, mais la récolte est alors moins abondante.
Les épisodes de gel peuvent faire de gros dégâts sur les cultures sensibles et les jeunes plants, et de manière générale ralentir la croissance des cultures. Prêter attention aux calendriers des semis et plantations en fonction des variétés est évidemment incontournable, et si l’on veut semer tôt, échelonner les semis peut éviter bien des déceptions…
Les serres
Les serres permettent d’assurer une certaine continuité dans la production en accueillant certains légumes d’hiver, et en accueillant volontiers les cultures primeur. Une serre froide conserve une température d’environ 5°C supérieure à la température extérieure. Il est important de vérifier le point de gel des cultures que l’on y installe, car il peut très bien geler sous la serre. Attention aussi à l’humidité : elle est propice à l’apparition de maladies, et la condensation sur les parois de l’abri peut entraîner encore plus de dégâts : n’hésitez donc pas à bien aérer vos serres.
Les différents voiles
Que vous souhaitiez protéger des plantes sensibles au gel ou accélérer la levée de vos semis d’hiver et de printemps, les voiles ou films thermiques sont assez incontournables, aussi bien en plein champ que sous abri. Ces films de polypropylène blanc microporeux laissent passer l’eau, l’air et la lumière tout retenant la chaleur du sol. Ils produisent un effet de serre qui se traduit par un gain de température de 1 à 4°C selon leur épaisseur, qui varie de 10 à 30 g/m2 (de P10 à P30). Plus l’épaisseur est importante, plus la protection climatique est forte. On parlera de voile d’hivernage pour un P30, qui augmente la température de 4°C et a vraiment l’objectif de protéger du gel au cœur de l’hiver. Un P17 ou P19 sera considéré comme un voile de forçage, car sa fonction première est de favoriser la croissance des plantes précocement ou en arrière-saison.
Quand les installer ?
Selon les régions, les voiles thermiques peuvent être installés dès octobre pour réchauffer les plants et retarder les dernières récoltes, quitte à les remplacer par des voiles plus épais pour passer l’hiver. Ils sont très utilisés en plein champ mais peuvent aussi être utiles sous tunnel pour assurer une double protection à des cultures fragiles ou en cas de climat particulièrement rigoureux. On peut même installer les voiles d’hivernage en double épaisseur lors d’épisodes de grand froid.
La période où les films de forçage deviennent incontournables, c’est de février à avril, pour accélérer le développement des plantules. Les voiles thermiques P17 ou P19 ont largement fait leurs preuves pour gagner environ 2°C. Faisant office de serre à peu de frais, ils protègent les plantations du froid et du vent, et permettent d’optimiser les premières chaleurs. Le micro-climat qu’ils créent accélère la croissance des semis : les radis, carottes et laitues lèvent jusqu’à 15 jours plus tôt sous voile.
Pose et entretien
On peut poser le voile à plat, ou encore sur des arceaux, en mini-tunnel. En plein champ, il faut bien positionner le voile et le maintenir avec des planches ou des pierres pour éviter que le vent s’engouffre dessous. Pensez également à le retendre régulièrement afin qu’il ne touche pas trop les cultures, même s’il est très léger. Laissez tout de même un peu de mou pour que les légumes puissent pousser sans problème. Sous voile, il vaut mieux éviter une trop forte densité de cultures : les plantes pourraient manquer d’oxygène, et le risque de maladies fongiques serait plus élevé.
Attention à ne pas retirer les voiles de forçage trop tôt dans la saison, car les gelées tardives peuvent faire beaucoup de dégâts. En revanche, le grand avantage de ces voiles est qu’ils sont rapides à ouvrir pour laisser respirer les cultures l’après-midi quand il fait bon, puis à refermer le soir. Cela permet d’aérer les cultures, et d’éviter un trop plein d’humidité. Les voiles peuvent aussi être facilement déplacées d’une planche à l’autre, ce qui est utile lorsqu’on échelonne les cultures.
Les voiles thermiques durent environ deux saisons, s’ils sont bien nettoyés après utilisation et stockés au sec. Les filets climatiques en polyéthylène sont un peu moins protecteurs contre le froid mais ont une meilleure longévité dans le temps. Pour les voiles ou filets trop abîmés, pensez au recyclage ! Depuis 2013, les filets et ficelles agricoles sont valorisés au sein de la filière A.D.I.VALOR (A.D.I. pour Agriculteurs, Distributeurs, Industriels), qui dispose de points de collecte partout sur le territoire.
Le paillage
Le paillage est quant à lui plutôt un faux-ami si on le met en place autour des plants en plein hiver quand le sol est froid : il a tendance à conserver le froid au niveau du sol. En effet, il agit comme un isolant, en gênant l’absorption de la chaleur pendant le jour, mais aussi sa dissipation pendant la nuit. Le paillage peut toutefois protéger une plante du gel s’il en recouvre toute les parties gélives. L’idéal pour un paillage d’hiver est de l’installer au début de l’automne, sur les planches vides, pour de ne pas laisser le sol à nu et ainsi limiter l’érosion, le lessivage et conserver la fertilité du sol. Il est aussi le bienvenu au pied des arbres et des arbustes, mais il sera plutôt contre-productif autour des cultures d’hiver.
Un dernier conseil ?
Un sol humide a une plus grande inertie thermique : irriguer le matin peut être bénéfique pour limiter le gel des cultures. Il faut toutefois éviter d’arroser les plantes gelées, sous peine d’aggraver leur situation.
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