Chaleur : assurer la gestion climatique des serres en été
L’été n’est pas encore là que déjà la hausse des températures s’est fait nettement sentir dans de nombreux secteurs. Voici quelques moyens à envisager pour limiter les excès de chaleur dans les serres et ainsi, préserver les cultures.
Sans aération, les températures dans les serres peuvent monter jusqu’à 60°C, provoquant des conséquences préjudiciables : ralentissement physiologique de la plante, favorisation des infestations par des ravageurs comme les acariens, pucerons…
D’où la nécessité d’optimiser la gestion climatique des serres, qui peut se faire directement, en jouant sur les ouvertures et fermetures pour laisser rentrer de l’air ; ou à l’aide de moyens indirects (peinture d’ombrage, brumisation…).
La gestion climatique directe : en manuel ou par moteur ?
En manuel simplifié : utiliser les pignons
Pour l’aération de la serre, il est possible de jouer sur l’ouverture du pignon, en haut et/ou en bas. La partie basse peut être composée d’un cadre à relever avec des piquets de soutènement ou d’une bâche à enrouler. Sur la partie haute, en demi-lune, un filet brise-vent peut être installé à la place de la bâche, pour une aération statique. Pour une aération dynamique, il est possible aussi d’opter pour un système d’ouverture basculante.
Une ouverture en partie haute peut être plus efficace que celle du bas pour faire sécher la condensation accumulée sous la voûte au printemps.
Dans les serres installées sur des parcelles en pente, on peut profiter de l’effet venturi, provoquant un appel d’air pour un renouvellement d’air plus rapide.
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Tempêtes : protéger sa ferme contre le vent
La question principale sera : comment est-ce qu’on protège la structure qui protège les cultures ? Des solutions existent pour parer aux dégâts du vent. Solutions techniques, en surface abritée puis en surface extérieure. Solutions en prévention financière, comme l’assurance, et solidaire, comme le recours aux cagnottes pour compenser.
En effet, si vous souhaitez réguler la température de la serre aisément, il vaut mieux des tunnels pas trop longs : maximum 35 mètres. Cela permet d’éviter d’ouvrir sur les côtés et d’uniquement ouvrir les pignons. Au-delà, les extrémités seules ne parviennent plus à réguler toute la serre et on trouve des points chauds au milieu, ce qui nuit aux cultures en place.
Autre technique de moins en moins utilisée : la superposition de plusieurs bâches qu’on écarte pour aérer. Au fil des saisons, le chevauchement initial est fragilisé, rendant nécessaire un nouveau bâchage, et donc un investissement en temps et financier.
En manuel via l’ouverture des côtés et/ou du faîtage
Dans le cas d’une serre unique, il est possible d’ouvrir un seul côté ou les deux sur toute la longueur de la serre. S’il s’agit d’un seul côté, choisir celui opposé au vent dominant.
Pour une double serre, les options sont identiques, en complétant par l’ouverture des chenaux, qui permet d’améliorer l’évacuation de la chaleur ; ou plus idéalement, par celle du faîtage, du fait de sa position plus en hauteur. En effet, environ 70 % de la chaleur d’une serre se loge sous la voûte.
Et pour une triple serre, il est conseillé d’ouvrir latéralement les deux serres de côté et la toiture de la serre centrale.
Gagner du temps en équipant la serre de moteurs, en automatique ou pas
La gestion motorisée des ouvertures latérales ou faîtage peut être intéressante pour gagner en ergonomie de travail et en temps. Un moteur peut également être installé pour ouvrir la bâche en façade.
L’automatisation permet d’aller encore plus loin dans cette recherche d’efficacité. Pour cela, il existe Polyclim, un micro-ordinateur de gestion climatique. Ce régulateur comprend des sondes de températures et d’hygrométrie intérieures, et peut être relié à différents capteurs météo extérieurs, selon les options : un thermomètre, un hygromètre, un anémomètre (force du vent), une girouette (sens du vent), une sonde de pluie, ou encore un solarimètre.
Les données recueillies vont permettre de piloter automatiquement les moteurs pour procéder aux ouvertures latérales et du faîtage, mais pas celles des façades afin d’éviter les risques d’accident pour les opérateur.trice.s.
Pour les grosses structures d’horticulture, de pépinière et de maraîchage, l’aération motorisée en gestion automatique est fortement conseillée avec les serres en verre. Pour les structures plus petites, l’ouverture des façades peut suffire.
Une palette de moyens pour la gestion climatique indirecte
Equiper les serres d’une double paroi
Rappelons qu’une serre a cette capacité de retenir les infrarouges (IR) courts qui viennent du sol et qui chauffent le tunnel en hiver. En équipant une double serre avec deux parois sur la hauteur, il va être possible d’envoyer de l’air entre. Les intérêts ? En hiver, mieux retenir les IR courts et maintenir la chaleur et, en été, isoler et limiter l’augmentation de températures. Une turbine peut être installée pour mesurer et donc gérer automatiquement la pression de gonflage entre les deux bâches.
Installer un filet d’ombrage intérieur ou extérieur
Les filets d’ombrage peuvent être positionnés dans la serre, sur la serre et/ou sur support. Ils sont déclinés en plusieurs couleurs : noir, vert ou blanc. Plus le filet est noir, plus il est résistant aux ultraviolets, et plus il est durable et fait de l’ombrage. Autre critère important : le pourcentage d’ombrage permis. Par exemple, en Bretagne, il doit être à 40 % au nord, contre 50 % au sud, selon les préconisations. A adapter évidemment selon les conditions particulières de chaque exploitation.
Utiliser de la peinture d’ombrage
La peinture d’ombrage va protéger les végétaux contre les excès de lumière et de chaleur. Elle est à appliquer sur le verre ou le plastique des serres, autour de mi-avril en Bretagne. En fonction des cultures et des objectifs du ou de la producteur.trice, il y a des peintures plus ou moins longue durée : 3 à 5 mois avec Eclipse F4 ou 5 à 6 mois avec Eclipse LD
Il existe également des peintures à effet diffusant, permettant d’éviter un excès d’ensoleillement sur les cultures plus tôt au printemps ou plus tard en automne, comme Transpar LD , autorisé en agriculture biologique. Cette peinture longue durée transparente propose un ombrage photo-sélectif : elle filtre les IR et est perméable à la lumière utile (PAR) pour que la photosynthèse des végétaux soit optimale.
Un nettoyant pour les peintures longues durée d’ombrage ou de diffusion sera nécessaire pour retrouver un support propre au moment voulu.
A noter que lorsque la bâche est neuve, mieux vaut attendre quelques pluies avant d’appliquer la peinture. Elle risque sinon de ne pas bien accrocher et de ruisseler au premier orage.
Recourir à la brumisation ou fog system pour diminuer la température intérieure
La brumisation haute pression ou Fog System s’appuie sur un réseau de buses diffusant des microgouttelettes d’eau dans la serre. L’objectif est d’abaisser les températures. Avec une pulvérisation Fog System de 1 à 4 l/h à 40 bars, les plantes ne sont même pas mouillées, l’eau s’évaporant rapidement. La brumisation à 5-30 l/h avec une pression de 6-5 bars peut créer une humidité légère sur les plantes. Le risque de maladies est quasi nul en raison de l’absence d’effet mouillage sur le feuillage.
Ce système offre également des conditions d’humidité par saturation, propices au bouturage de plantes à feuilles persistantes avant qu’elles aient leurs racines.
L’aspersion va créer une plus forte pluviométrie de 40-200 l/h avec une pression de 3 bars. Le risque maladies est plus fort.
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Préparer son système d’irrigation
Que ce soit sous abri ou au champ, l’irrigation des légumes est incontournable dans les exploitations maraîchères. Lors de l’élaboration de son système, il est nécessaire de se pencher sur plusieurs paramètres. Voici quelles sont les principales étapes de raisonnement.
Dans le cas particulier des serres de fraises hors sol, la brumisation sous chéneaux augmente l’humidité sans impacter la production mais va gêner les thrips, une problématique majeure pour cette culture. Les thrips, petits insectes de 1 à 2mm, préfèrent effectivement la chaleur sèche.
Quid des brasseurs d’air et des déshumidificateurs ?
Les brasseurs d’air peuvent être installés en hauteur dans les grandes serres chapelles. Ils permettent de créer des mouvements d’air qui déshumidifient l’atmosphère. Ils demandent la mise en place d’un système électrique dans la serre.
L’utilisation d’un déshumidificateur d’air est également à envisager, notamment en Bretagne. L’air humide va être aspiré dans un bac de récupération d’eau à vider.
Un air plus sec, très utile pour éviter les maladies.
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