Melon : une stratégie adaptée à la moitié nord de la France
Le melon, un attendu de l’été difficile à mettre en oeuvre
Légume emblématique de l’été, le melon reste toutefois problématique en termes de production. Plus adapté au sud de la France, il est néanmoins tout à fait possible de mettre en œuvre une stratégie adaptée à la partie nord de la France pour avoir un approvisionnement constant.
Le nœud du probléme se situe aujourd’hui sur la valorisation de l’espace des abris. La création de valeur au m² reste moindre vis à vis des autres cultures de saison comme la tomate ou le concombre. En revanche, la demande commerciale est telle que la mise en place de ce produit sur l’étal induit des ventes additionnelles et une attractivité bien supérieure du stand !
Les questions qui se posent aujourd’hui quant à une bonne stratégie melon sont donc les suivantes :
- Comment obtenir un melon irréprochable sur le plan gustatif
- Comment avoir un approvisonnement constant de ce produit sur la période juillet-septembre
- Comment mettre en œuvre une stratégie plein champ permettant de diminuer la pression des abris
Lire aussi :
Vente et stratégie de production
La problématique des enjeux de production des exploitations maraîchères face aux habitudes de consommation de leur client est un sujet qui revient régulièrement dans nos échanges avec les maraîchères et les maraîchers.
Faut-il vendre ce que je produis ? Ou produire ce que je vends ?
Comment obtenir une constance dans la production du melon pendant l’été
Pour avoir des ventes importantes sur ce produit, il est fondamental d’éviter les ruptures d’approvisionnements sur la saison. On peut produire du melon de juillet à septembre dans le grand ouest. Une stratégie devra donc être définie pour couvrir une partie de ce créneau ou la totalité.
En terme de planification voici les séries envisageables dans le grand ouest pour couvrir l’ensemble de la période :
Pour se développer de manière cohérente, le melon a besoin d’une température importante : supérieure à 15 °C.
Au delà de la température de l’air, c’est la température du sol qui sera primordiale. Sans cette température minimale, le melon deviendra sensible aux pathogènes présents dans le sol et ne se développera pas. L’enjeu est donc de planter le melon avec une température de sol supérieure à 15 °C, avec l’aide de plastiques thermiques sous abris et sous tunnels nantais en plein champ. Ces plastiques et tunnels sont en général posés deux semaines avant plantation pour permettre une montée en température cohérente.
Dans les faits, la stratégie adoptée par les maraîchères et les maraîchers est très souvent l’implantation de deux à trois séries sous serre suivant la zone climatique. La série de début mai pourra être implantée en plein champ dans les zones peu gélives proches de la côte. A partir du 15 mai, les séries peuvent être implantées en plein champ pour diminuer la pression sous abris et augmenter les volumes de production.
La durée du cycle du melon est variable suivant les dates de plantation. A partir de mai le cycle, de la plantation à la récolte de la première vague de melon, est d’environ 90 jours.
Concernant les plants, ils devront être relativement développés sur les premières séries (4 à 5 feuilles) avec de grosses mottes (motte de 8). Ils pourront être moins développés pour les séries à partir du 15 mai (3 feuilles) avec de plus petites mottes (motte de 6).
Implantation et conduite climatique, les deux facteurs clés
Le plant de melon doit être implanté sur un sol chaud. Un contrôle de la température avant implantation est donc conseillé. Ensuite, pour les séries extérieures, le tunnel nantais ne doit être ouvert que lors de grosses chaleurs et au moment de la floraison pour favoriser l’accroche des fruits. En serre, une ruche à bourdons peut être implantée au moment de la floraison pour augmenter le nombre de fruits et le caractère groupé de la production.
Pour lui permettre de se développer, il est préconisé d’implanter un rang par planche avec un plant tous les 70 cm. Pour faciliter la conduite, le rang sera situé au centre de la planche. Les axes dépassant de la planche pourront être ramenés sur la planche dans un premier temps puis coupés dans un second temps après l’accroche des fruits, pour faciliter les interventions et les chantiers de récoltes.
Les paillages choisis peuvent être, pour les premières séries, des plastiques thermiques favorisant le réchauffement du sol (plastiques marron) puis sur les séries à partir du 15 mai, des plastiques noirs ou des bâches tissées. Le plastique biodégradable est déconseillé car il a tendance à marquer les fruits en se décomposant.
Le choix de la variété est fondamental. Aujourd’hui, la sélection s’est faite notamment sur la capacité du melon à sucrer. Le choix des hybrides, en particulier sur les premières séries, est important pour garantir la qualité gustative du produit. Ces variétés présentent d’autres avantages, comme des résistances à certaines maladies et à certains ravageurs. Les variétés anciennes plus adaptées au cœur et à la fin de saison pourront être utilisées à partir du 15 mai. Pour ces anciennes variétés il est préconisé de pincer le plant lorsqu’il a deux feuilles pour favoriser la production d’axes secondaires pour lesquels les fleurs femelles apparaissent plus tôt. Cette technique permettra de grouper la production et d’augmenter le nombre de fruits. Elle n’est pas nécessaire sur les variétés modernes.
Irrigation : quels sont les besoins en eau du melon en maraîchage
Le melon va mettre en place ses qualités organoleptiques les derniers jours avant sa récolte. Un melon cueilli immature n’est pas capable de mûrir après la récolte.
L’irrigation devra permettre une bonne croissance végétative, une floraison abondante, un grossissement cohérent des fruits puis une bonne maturation de ces derniers.
Les besoins en eau sont de :
- 0,4ETP à la reprise
- 0,7ETP jusqu’au grossissement du fruit
- 0,9 ETP lors du grossissement du fruit
- 0,5 ETP deux semaines avant récolte pour permettre un bon murissement
Dans les faits, quand le calibre souhaité est atteint, le volume d’irrigation est divisé par deux. En plein champ à cette période, les tunnels nantais peuvent être redéployés en cas d’averse pour assurer la qualité du produit. Si le melon bénéficie de trop d’eau lors de cette phase de mûrissement, il a tendance à être insipide et à éclater.
Lire aussi :
Cultures diversifiées : comment piloter l’irrigation ?
Le pilotage de l’irrigation est un enjeu majeur dans la conduite de cultures, afin de préserver rendement et qualité. L’objectif est de trouver le juste équilibre entre le ni trop, ni trop peu… Voici quelques conseils pour optimiser la gestion de l’eau.
Quand récolter le melon : reconnaître le bon stade
Bien repérer le stade optimum de récolte est fondamental. Trop tôt, le melon n’est pas encore sucré mais trop tard, une alcoolisation des sucres se produit.
A maturité, on observe une diminution de l’élasticité du pédoncule. Pour les melon charentais, la dernière feuille au dessus du fruit flétrit. Enfin, pour certaines variétés on observe des craquelures à la base du pédoncule.
Le melon est donc une culture technique. Mais le jeu en vaut la chandelle. Ce produit d’appel de l’été est fortement plébiscité et facilite la vente des autres produits de l’étal.
Lire aussi :
La récolte : un enjeu stratégique en maraîchage diversifié
Dans une exploitation, la récolte représente un poste important : 20 à 30 % du temps y est consacré en moyenne et jusqu’à 40 à 50 % en période faste. Une tâche très variée qui demande à être optimisée en termes de rentabilité et d’ergonomie.
Articles connexes
Haricot : plantation, récolte et rentabilité
La saison du haricot vert est ouverte Juin se profile et avec lui le démarrage de la saison du haricot vert. Ce légume est particulièrement important dans les systèmes maraîchers en vente directe. C 'est un légume identitaire, plébiscité par le consommateur et...
La récolte : un enjeu stratégique en maraîchage diversifié
Dans une exploitation de maraîchage, la récolte représente un poste important : 20 à 30 % du temps y est consacré en moyenne sur l’année et jusqu’à 40 à 50 % en période faste. Une tâche très variée qui demande à être optimisée en termes de rentabilité et d’ergonomie...
La lutte biologique : une question d’équilibre
Une armée de coccinelles lâchées sous une serre, à l’assaut de myriades de pucerons. C’est l’image que l’on a spontanément en tête à l’évocation de la lutte biologique. Comme son nom ne le laisse pas présager, l’histoire de la lutte biologique a commencé dans...